Marie Tharp

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Marie Tharp
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 86 ans)
NyackVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domicile
New York (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Formation
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Université Columbia (-)
Amoco ()Voir et modifier les données sur Wikidata
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Marie Tharp est une géologue, cartographe et océanographe américaine née le à Ypsilanti dans le Michigan et morte à Nyack (État de New York) le . Les études de Madame Tharp ont contribué de manière décisive à l'acceptation de la théorie de la tectonique des plaques et celle de la dérive des continents parmi les membres de la communauté scientifique, en déterminant un bouleversement dans les disciplines des sciences de la Terre.

Enfance[modifier | modifier le code]

Marie Tharp naît de l'union de Bertha Louise Tharp, une enseignante d'allemand et latin, et de William Edgar Tharp, géomètre employé au Département de l'agriculture des États-Unis. Marie suit souvent son père dans ses tâches quotidienne au travail. Cela lui permet d'apprendre les bases de la cartographie. A cause du travail du père, Marie et sa famille déménagent souvent. Quand le père part à la retraite en 1931, Marie avait fréquenté plus de 20 écoles publiques en Alabama, Iowa, Michigan et Indiana. En 1931 Marie Tharp et sa famille s'implantent dans une ferme à Bellefontaine, Ohio, où peu de temps après Marie Tharp est diplômée du collège.

Études[modifier | modifier le code]

Diplômée en anglais et musique en 1943 de l'université de l'Ohio, Marie Tharp poursuit, l'année suivante, des études en géologie à l'université du Michigan, en suivant un programme réservé aux femmes. Elle y suit des cours de géologie structurale, de sédimentation ou encore de minéralogie[1]. Elle sera l'une des premières femmes à être admises en géologie.

Elle commence à travailler comme géologue pour la compagnie pétrolière de l'Oklahoma Stanolind et, conjointement, obtient un diplôme de mathématiques de l'université de Tulsa, en 1948. Cette même année, elle rejoint le département de géologie de l'université Columbia comme assistante chercheuse de William Maurice Ewing au sein du laboratoire de géologie. Elle y travaille jusqu'à sa retraite, en 1982[2].

Carrière[modifier | modifier le code]

Une étape de la production d'un exemplaire du globe bathymétrique produit par Bruce C. Heezen et Marie Tharp dans leur quête pour comprendre la physiographie du fond marin (un ballon de basket-ball servant de support). Ces modèles sont exposés dans la Division Géographie et Carte de la bibliothèque du Congrès.

Avant de travailler sur les cartes topographiques des fonds marins, Marie Tharp et Bruce C. Heezen se chargent des photographies des fonds sous-marins afin d'aider à trouver des carcasses d'avions abattus lors de la Seconde Guerre mondiale. Ils découvrent de nombreuses vallées profondes creusées dans le plancher océaniques où peuvent s'être échoués les sous-marins américains. Ils découvrent également où et comment les câbles transatlantiques sont brisés[3].

Elle est ensuite chargée, avec Bruce C. Heezen, par le Lamont-Doherty Geological Observatory de l'université Columbia, de faire des diagrammes physiographiques à partir de relevés bathymétriques réalisés dans l'océan Atlantique. Marie Tharp est alors la première à signaler, en 1952, l'existence d'une vallée, le rift, dans l'axe des dorsales[4],[5]. Marie Tharp en conclut que des pans de la croûte terrestre dérivent mais, victime du sexisme de l'époque, cette théorie est dans un premier temps considérée comme « une hérésie scientifique », Heezen réfutant même les preuves fournies par sa collègue en les qualifiant de « trucs de fille »[5].

Jusqu'en 1965, elle ne participe à aucune des 33 expéditions de récolte de données qu'effectue Heezen à bord du Vema, le navire de recherche du Lamont Doherty Geological Observatory : encore une fois à cause du sexisme latent de l'époque, aucune femme n'est en effet autorisée à monter à bord des navires de recherche pour recueillir les profils des fonds marins car on considérait qu'elles portaient malchance [5]. Marie Tharp est chargée de calculer, d'interpréter et de visualiser les données récoltées par Heezen. Il lui faut patienter jusqu'en 1965 pour, enfin, accompagner Heezen en mer et récolter les données qui lui permettent d'améliorer, par deux fois, sa carte du plancher de l'Atlantique, en 1968 puis 1972[5],[6],[3].

Leur première carte, publiée en 1959, permet de mettre en évidence la physionomie de la dorsale océanique nord-atlantique. Elle est complétée en 1961 par les données concernant l'Atlantique Sud et en 1964 par l'océan Indien. En 1977, alors que Bruce C. Heezen meurt d'une crise cardiaque, Marie Tharp continue leur travail et ne désire désormais « rien d'autre que de terminer la carte commencée »[3].

Peinture d'Heinrich C. Berann illustrant le fond des océans d'après Marie Tharp et Bruce C. Heezen (1977).

La carte mondiale de la topographie des fonds océaniques, réalisée en collaboration avec le peintre Heinrich C. Berann, est publiée moins d'un an plus tard par l'Office of Naval Research. Cette carte spectaculaire des fonds marins, qui montre alors l'invisible, est parvenue à faire accepter la théorie de la dérive des continents, davantage que des travaux très scientifiques et moins accessibles[7]. Cette carte est un élément de première importance dans la découverte de la théorie de la tectonique des plaques[5],[8].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Marie Tharp épousa David Flanagan en 1948 et ils déménagèrent ensemble à New York. Ils divorcèrent en 1952. Marie Tharp meurt d'un cancer à l'hôpital de Nyack, à New York le , à l'âge de 86 ans.

Hommage[modifier | modifier le code]

Une médaille, au nom de Marie Tharp, a été créée par l'Union européenne des géosciences (EGU), plus précisément à la demande des membres de la division Tectonique et géologie structurale afin de lui rendre hommage. Cette médaille a pour but de reconnatre des contributions scientifiques majeures par rapport a la structure des fonds marins et des processus tectoniques et géologiques. Ainsi un ou une scientifique peut être nommé par les membres de l'EGU et se voir décerner la médaille pour récompenser des travaux d'excellence[9].

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • (en-US) 1959 : The Floors of the Oceans. I : The North Atlantic, Marie Tharp et Bruce C. Heezen
  • (en-US) 1977 : World Ocean floor panorama, Marie Tharp et Bruce C. Heezen, peint par Heinrich C. Berann, Library of Congress, 1977

Prix et reconnaissances[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Marie Tharp, l’océanographe sans navire », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  2. « Marie Tharp, Oceanographic Cartographer, Dies at 86 », sur nytimes.com (consulté le )
  3. a b c et d « Plumbing Depths to Reach New Heights - Marie Tharp Explains Marine Geological Maps », sur loc.gov (consulté le )
  4. « Les dorsales », sur ifremer.fr (consulté le )
  5. a b c d e et f Nina Strochlic, Sara Manco, « Les pionnières », National Geographic France, no 246,‎ , p. 108-129
  6. « Marie Tharp: The map that changed the world », sur historyofgeology.fieldofscience.com (consulté le )
  7. Philippe Rekacewicz et Nepthys Zwer, Cartographie radicale : explorations, dl 2021 (ISBN 978-2-37368-053-9 et 2-37368-053-X, OCLC 1277145774, lire en ligne)
  8. « Remembered: Marie Tharp, Pioneering Mapmaker of the Ocean Floor », sur earth.columbia.edu (consulté le )
  9. (en) « Additional guidance for nominations for the EGU’s Stephan Mueller and Marie Tharp medals », sur European Geosciences Union (EGU) (consulté le )
  10. « Marie Tharp: Columbia Cartographer Who Mapped Atlantic Floor Is Honored by Library of Congress », sur columbia.edu (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]